10 sociétés américaines pas si propres que ça

Labour day Whole Food

Petit détournement du Labour Day de Whole Food

Qu’est-ce qui pourrait définir une entreprise comme étant progressive? Un PDG qui mène une politique “gauchisante”? Mettre en avant l’humain avant les profits? Se battre pour améliorer son empreinte écologique? A partir de ces quelques questions, le magazine AlterNet publie un article corrosif sur dix dizaine de sociétés américaines qui font étalage de leurs éthiques et de leurs engagements mais qui ne sont pas si propres que ça.

Top 1 – Apple

La compagnie s’affiche et se prétend innovante et s’adressant à une clientèle pensant autrement. Se faisant, elle a séduit une partie de la gauche trouvant en elle l’opposant à l’ogre Microsoft. Alternet rappelle, sources à l’appui, que cette entreprise a pourtant un comportement humain et écologique à l’opposé des valeurs affichées : pas d’assurance sociale pour les employés pas assez disponibles, implantations dans des paradis fiscaux de la gestion des licences (parmi les principaux revenus d’Apple), délocalisation de la production dans des usines où les conditions de travail sont archaïques (interdiction de parler, journées de 10 heures…) et où le taux de suicides est important.

2 – Whole Food

Cette société d’origine coopérative spécialisée dans la commercialisation d’aliments bio semble avoir perdu une partie des valeurs hippies de ses origines.
Si les employés y sont plutôt bien payés et que les écarts de salaires sont raisonnables (le boss ne gagnent que 14 fois le salaire moyen de l’entreprise), il y a quelques fruits pourris dans la politique sociale de l’entreprise : anti-syndicalisme de base avec une superbe citation du boss, Johne Mackey : “Le syndicalisme est comme un herpès. Ce n’est pas mortel mais ça gène, c’est désagrable et ça empêche les gens d’être amoureux de vous”. C’est aussi un opposant à la réforme de la santé, considérant dans le sillage de la pensée d’Ayn Rand qu’il faut lutter contre l’état providence et valoriser l’individualisme rationnel au risque manifestement de passer de libertaire à ultr-libéral.

3 – Trader Joes

Cette société est probablement peu connue des non-états-uniens, si ce n’est que depuis 1979 le gérant du fond d’affaire est le frère du gérant de la chaîne de discount Aldi. Alternet reproche à cette entreprise de rompre avec sa politique d’approvisionnement de proximité et de contribution au développement locale en privilégiant désormais la concurrence sur le marché des produits pour définir ses prix d’achats aux producteurs…

4 – Avon

L’entreprise dont le slogan est “The compagny for women” et qui s’engage dans des campagnes éthiques notamment pour l’environnement est pointée du doigt pour quelques pratiques douteuses : accusation et condamnation d’utilisations abusives ou détournées de label “équitable” ou “bio”. En 2001 la société a participé à une campagne de reversement de fond pour lutter contre le cancer du sein par la vente de rouge à lèvres dont certains étaient… cancérigènes.

5 – 7th generation :

Entreprise qui fabrique des produits de nettoyage “propres”. Bon en gros j’ai pas pigé ce que reproche exactement Alternet à cette boite, si ce n’est d’avoir viré son patron fondateur après 23 ans d’activités parce qu’il avait une vision trop idéaliste du monde des affaires alors que lui-même considérait qu’ils n’atteignaient pas l’engagement d’un développemet éthique de qualité, mais qu’ils arrivaient juste à être “moins mauvais”.

6 – American Apparel

Cette entreprise de vêtements se présente comme un exemple d’intégration verticale de sa production, entendons par là, une entreprise textile qui ne délocalise pas, lutte pour les droits des immigrés et propose à ses employés une couverture sociale exceptionnelle au pays de l’oncle sam. Mais par intégration verticale, il semble qu’il faille aussi entendre “promotion canapé” ou “droit de cuissage”. Dov Charney, le patron est ainsi poursuivi dans plusieurs affaires de harcèlement sexuel et d’atteinte à la vie privée. Dommage pour cette entreprise qui a le mérite de vendre des fringues sans logo.

7 – Starbuck

Alternet tape ici sur le plus grand vendeur de café équitable du monde. C’est bien, mais ça ne représente que 10% des ventes de Starbuck qui utilise donc cette image (et cette petite réalité) pour affirmer sa notoriété. L’avis d’Alternet est donc qu’ils pourraient faire mieux, notamment en s’engageant à ne commercialiser aucun produits issus du travail forcé ou de l’exploitation d’enfants. Mais l’autre point noir est la politique anti-syndical de Starbuck qui vire ou menace de licenciement toutes celles et ceux qui ont un tant soit peu des velléités d’activité syndicale.

8 – Urban Outfitters

De la fringue de djeunz urbains décontractés. Ils affichent des valeurs destroy et derrière, le boss, Richard Hayne affirme que si l’on devait payer équitablement les ouvriers, les clients ne pourraient pas s’offrir de vêtements… entre nous il devrait y avoir moyen. J’ai jeté un œil sur la vitrine : le tee-shirt Nirvanan est 42 euros ou le minishort défoncé à base de 501 est au même prix… Punaise si j’avais su j’aurais pas fais des chiffons avec le dernier jean que j’ai éclaté… Le garçon est en fait un ultra-conservateur qui apporte son soutien financier à un candidat républicain ultra-conservateur, anti-avortement, pro peine de mort et tout le tralala. Alors les appropriations de design et le racisme rampant du jeu Ghettopoly commercialisé par la marque ou le tee-shirt “poverty sucks” ne sont que des dommages colatéraux qui confirmeraient un mode tendance “fasho” où le destroy est plutôt du craignos.

9 – Google

Google est épinglé car malgré notamment sa politique sociale et managériale a priori innovante (temps de créativité perso inclus dans le temps de travail, cours de récré pour adultes dans les bureaux), affichage d’une politique énergétique visant à utiliser des énergies renouvelables, soutient à de nombreux projets “open source” et un mot d’ordre de Google est “Don’t be evil (Ne sois pas le mal). La compagnie la plus implantée sur le net est pointée pour ses atteintes à la vie privée, pour ses tentations d’oublier la neutralité du net

10 – Coca cola

Alors la liste est longue comme le bras, mais la compagnie n’est pas ici directement pour son “incarnation dévoyée de l’éthique” mais parce quelle détient des marques qui jouent sur cette image.

Au final Lauren Kelley nous présente son top 10 des faux progressistes en nous confiant qu’elle le fait en tapant son article sur mac, qu’elle fait ses courses de temps en temps chez joes trader… Bref elle convient être dans une situation paradoxale où il est difficile en tant que consommateur d’aller en permanence aux bouts de ses convictions, et que plutôt qu’un boycott (euh, c’est une fille, donc un girlcott) total, elle énonce qu’il faut être réaliste et concentrer son énergie à changer le système… Mince ça c’est de l’art hipster jusqu’au bout des doigts : Luttons contre le capitalisme mais pas contre le consumérisme personnel… on me l’avait pas encore faîte aussi bien celle-là. Ben non, personnellement, si je trouve qu’une boite à des comportements inacceptables, ils me semblent beaucoup plus simple de ne pas acheter que de mettre par terre le capitalisme. Voilà une fausse belle rhétorique pour s’autoriser l’utilisation de son mac(ro). Elle aurait au moins pu finir par : maintenant que je le sais, la prochaine fois que je dois consommer, ben je regarde s’il n’y a pas au moins des alternatives…

Alors comme en lisant l’article, je n’ai finalement pas eu la réponse à ma question initiale : qu’est-ce qui caractérise une entreprise progressiste ? Certains diront que ce n’est pas possible dans un monde capitaliste, et je ne suis pas loin de les rejoindre mais le terme de “progressiste” est plus subtile, il indique une évolution pas forcément rapide mais dans le bon sens. Donc une entreprise progressiste du point de vue du consommateur est une entreprise qui lorsqu’elle affiche des valeurs d’équité, de respect de l’environnement, des individus, ben elle fait en sorte de les mettre en œuvre ou de corriger le tir. C’est une entreprise qui propose un discours qui représente les valeurs qu’elle pratique et non pas celle d’un marché bobo. De même qu’il devrait être interdit d’utiliser le terme “‘illimité” lorsqu’il y a des conditions restrictives, il faut dénoncer et refuser l’affichage de valeurs qui précèdent les actes. Comme dirait l’autre: “je dis ce que je fais”et pas je “je ferai(s) ce que j’ai dit”.

Si je faisais de la vilaine provoc, je dirais que la dénonciation de l’article de Lauren  Kelley est de la typique prose gauche caviar en macbook qui s’indigne quand c’est tendance, mais si les icônes sont pas belle, ben on attendra les soldes et si c’est trop compliqué, on ira se confesser…

Punaise on est pas rendu…

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