SNCF invente “l’egotrip en mode lemming”

Je ne traîne plus assez dans les trains pour avoir l’occasion d’être confus d’admiration devant les “fonctionnalités” du site “voyage-sncf”. Et là je reste béa d’admiration devant la fonction “facebook” (ou Twitter)  proposée à l’issue de la réservation d’un billet.

Curieux je clique sur le gros bouton pour voir le rapport entre FB et une réservation de train…

Trop fort: en validant la proposition je vais être redirigé sur FB pour pouvoir m’identifier et afficher à tous mes “amis” quand je pars, avec quel train et à quelle place. Donc déjà je me sens super gratifié d’être à l’origine d’un événement méritant de notifier la planète de mon “train-train”. Mais top du top, mes amis vont pouvoir se battre pour me suivre et demander une place à côté de moi… C’est pas merveilleux de se sentir potentiellement un leader de meute entraînant tous ses lemmings d’amis derrière lui.

Ne négligeons pas la petite réflexion académique que ne peut manquer de m’inspirer cette “fonctionnalité interactive”: au-delà du modèle de la surestimation de soi consistant à étaler à tous les moindre pets et gestes de sa vie, le vendeur de billet de train construit la représentation d’un réseau social “impulsif”, voire “compulsif” qui fonctionnerait comme un meute entraînée par ses micro-leaders. Et ceci au mépris du réalisme de la distribution des places dans le train… Il n’y a pas assez de place autour de moi pour que ma cour prenne place dans le wagon… (voici le concept de la “fonctionnalité mensongère”). Cette fonctionnalité, beaucoup plus visible que les conditions de vente ou de remboursement manque très probablement de sens “pratique”, mais nul doute quelle fait partie de ces fonctionnalités que l’on voit apparaître épisodiquement sur le site de la SNCF pour nous faire preuve de sa modernité. Peut-être le secret message subliminal voulant nous laisser sous-entendre que des fois la SNCF est en avance…

Tiens d’ailleurs au sujet de la régularité, j’ai beaucoup aimé aussi l’option “assurance retard” pour 1,80 euros… J’aimerai proposer au génial inventeur de cette assurance l’option “n’assurera pas son cours”, il me verserait des sous pour qu’on le rembourse (sous condition) si j’avais pas envie de faire mon boulot correctement… Pour ceux qui ne paieront pas et rateront leur année (je vais pas non plus adapter mes sujets d’exams pour ceux qui n’ont pas suivi les cours que je n’ai pas fait)… ben pas de remboursement possible. Il repaieront pour avoir une session de rattrapage, une équivalence (une correspondance) ou un redoublement. Au delà de l’image de qualité que produit une telle offre, on arrive quand même à une culpabilisation de l’usager où si on n’assure pas le service qui lui est dû, et bien il ne peut s’en prendre qu’à lui d’avoir été radin ou trop pauvre pour payer la dime “service négligé”. C’est quand même un peu mafieux comme pratique non ? Comme dirait gros Toni jouant avec son briquet dans un épisode possible des Simpson : “Ce serait dommage que votre restaurant brûle… mais on peut vous le protéger…”.

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