… en Australie.
Le Ministre de la recherche australien demande à l’ERA (équivalent australien AERES, l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur en France) de remettre en cause l’importance du classement des revues pour évaluer les chercheurs et leurs équipes. Il met ainsi l’accent sur les effets négatifs constatés de ce critère d’évaluation qui produit une course aberrante aux publications dans certaines revues, dépréciant les autres (et notamment les revues nationales et locales) en créant une concurrence malsaine et des cercles vicieux. De plus ce critère incite à publier dans le champ d’appartenance des chercheurs freinant ainsi l’interdisciplinarité.
Pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vécu de près, ce critère en vogue chez nous manifeste déjà ses effets nauséabond. Cette injonction hiérarchique de publier dans des revues a continué de saper le fonctionnement de ma propre (ex)équipe de rattachement institutionnel (et effectif???). Gueguerres de comités scientifiques, courses effrenées à la publication notamment par celles et ceux qui s’étaient a priori mobiliser contre, écrasage de doigts autour de la piscine… Franchement c’est pas joli joli. Tout ça pour dire que les jacqueries universitaires résistent peu aux déterminations hiérarchiques. Mais c’est vrai que la réussite académique témoigne plus souvent d’une belle adaptation/adoption aux codes et aux attentes du milieu qu’à une poursuite du plaisir de l’évolution intellectuelle, scientifique et politique (mais non je ne suis pas aigri…). Il serait pourtant si facile de disqualifier le système en refusant de jouer le jeu.
“-oui mais le problème c’est que si les autres jouent le jeu, tu vas te retrouver marginalisé et hors du système…”<= Je suis mal parti depuis longtemps pour avoir peur de ce genre d’exclusion qui relève plus de l’excuse à deux balles pour pas se fatiguer et justifier son adhésion que d’une vraie peur au ventre. Si les chercheurs fonctionnaires français ne peuvent pas résister plus que ça ou mieux que ça quel désespoir pour envisager une amélioration sociale et une inventivité scientifique…
Enfin l’exemple australien me rassure, les moutons peuvent parfois avoir un bon berger.
Merci aux collègues (en particulier Aurélien Benel) qui ont fait circuler l’info que j’ai capté sur la liste RTP-DOC dont la source se trouve ici http://www.theaustralian.com.au/story-e6frgcjx-1226065864847