Réussir une ville numériquement responsable, émancipée … libérée 🗓 🗺

Dans le cadre de la campagne municipale et métropolitaine lyonnaise à laquelle je participe en tant que pirate sur la liste d’union des écologistes et de la gauche réunie, j’ai élaboré un petit texte pour partager avec notre collectif, quelques réflexions sur ce que pourrait être une ambition numérique dans une ville écologiste et solidaire :

Le confinement a confirmé la place centrale du numérique dans notre quotidien aussi bien personnel, social, professionnel, culturel que citoyen.

Ce serait rater un rendez-vous avec nos responsabilités que de ne pas avoir un engagement et une ambition affirmée dans ce domaine comme dans d’autres. Aujourd’hui le numérique est au cœur de nos démarches administratives, de l’équipement des établissements scolaires, de la gestion de nos projets et de nos ressources, il est au centre de nos infrastructures et nos outils communicationnels, il est incontournable dans la gestion de notre patrimoine, de l’organisation de nos mobilités, de nos activités commerciales jusque dans la gestion des infractions aux stationnements en passant par la vie démocratique de nos association et structures socio-culturelles.

Nous sommes dans une période où nous pouvons encore agir et orienter des choix numériques majeurs. Nous devons décider si nous voulons être acteurs et actrices de notre vie numérique ou si nous laisserons des industriels s’en emparer. Doit-on laisser quelques acteurs intéressés nous imposer, par le détournement d’une crise, un modèle de société au service de leurs intérêts industriels, financiers et idéologiques, en contrepartie des pseudo-bénéfices de relations sociales apparemment augmentées et de facilités quotidiennes qui restent pourtant à démontrer ?

Ces opportunités de crise, les industriels les ont saisies lors de crises précédentes pour, au nom de la reconstruction, nous imposer une société basée sur une agriculture intensive, une mobilité centrée sur la voiture, une consommation effrénée et une sur-croissance des besoins énergétiques, tout cela conduisant à une destruction rapide et sournoise d’un monde qui n’est pas que le leur.

Tout comme aujourd’hui les écologistes défendent un programme émancipateur de ces modèles industriels en matière alimentaire, éducative, culturelle, sociale, environnementale … comment pourrait-on ne pas être à la hauteur de ces ambitions en matière numérique ? Nous ne pourrons pas réussir notre transformation, si au cœur de notre modèle organisationnel et décisionnel, nous nous soumettons aux pratiques et modèles de pensée que nous imposeraient le déploiement et le fonctionnement même des outils imposés par les grands industriels du numérique.

Notre programme numérique devra s’appuyer sur la défense et la promotion de valeurs fondamentales que nous devons promouvoir concrètement tout au long de la mandature pour opérer une transformation numérique à la hauteur de notre projet de transformation politique de nos territoires.

Les piliers d’une politique numérique responsable et émancipatrice

Les piliers de cette politique numérique sont :

  • La neutralité
  • L’accessibilité
  • La souveraineté
  • L’écologie
  • La citoyenneté
  • L’innovation

Neutralité

En matière de numérique, la neutralité consiste à exiger que la technologie ne soit pas discriminante. Elle ne doit pas favoriser des services ou des opérateurs par rapport à d’autres, que ce soit aux niveaux des infrastructures comme de la mise à disposition de services et de contenus.

Nos leviers d’action dans le domaine de la neutralité sont à plusieurs niveaux:

  • Une commande publique respectueuse des règles des marchés publics : ne pas rédiger d’appel d’offres spécifiant l’intégration de solutions commerciales ou industrielles privées ;
  • Utilisation systématique de formats de document et de fichier ouverts, conformément au Référentiel Général d’Interopérabilité (RGI) ;
  • Communiquer en priorité par des canaux d’information publics et neutres : les informations produites par les collectivités territoriales (y compris événementielles, sportives, culturelles et de loisirs) ne devront plus être diffusées sur des réseaux sociaux privés (instagram, facebook, twitter, linkedin, whatsapp, …) sans être diffusée et accessible avant ou simultanément sur les canaux de communication publics de la collectivité (site web, flux d’informations sans création de compte) ;
  • L’accès aux informations ne devra pas imposer aux utilisateurs le recours à des technologies privatives (même gratuites), par exemple la nécessité d’utiliser un navigateur web en particulier pour réaliser une opération administrative ou accéder à des informations.

Accessibilité

L’accessibilité exige que toutes personnes puissent avoir accès à l’information ou à des services. Depuis quelques années notamment la dématérialisation a conduit à des formes de discrimination, car contrairement aux idées reçues, tout le monde n’a pas accès au numérique. Selon les classes sociales et les secteurs, ce sont 10 à 25 % des personnes qui n’ont pas d’accès au numérique à volonté. Par exemple, ceci veut dire que pendant la période de confinement ces personnes n’ont pas accès à une imprimante ou un téléphone mobile adapté pour imprimer une dérogation de circulation. Une totale dématérialisation les aurait totalement confiné. Ceci implique par exemple que si des services administratifs se font uniquement en ligne, les personnes en sont exclues. Par exemple, ce serait le cas si on dématérialisait totalement le paiement des repas de restauration scolaire. L’accessibilité, c’est aussi l’utilisation de technologies permettant l’inclusion numérique des personnes en situation de handicap physique ou cognitif.

Nos leviers d’actions dans le champ de l’accessibilité :

  • Offrir des alternatives non-dématérialisées à l’ensemble des services sous la responsabilité des collectivités territoriales ;
  • Privilégier que l’ensemble des services en ligne soit accessible pour les personnes ayant un handicap ou qu’un accompagnement en présence ou par téléphone ou tout autre moyen de communication adapté soit mis en œuvre ;
  • Veiller à ce que, dans les services des collectivités territoriales sous notre responsabilité, le numérique ne soit pas un facteur discriminant pour les personnels et que les postes de travail soient adaptés systématiquement ;
  • Développer et soutenir les lieux de médiation et d’accompagnement numérique, en particulier les espaces publics numériques des bibliothèques, centres sociaux et lieux d’éducation populaires en finançant des équipements, la formation des personnels dédiés, en créant des espaces numériques autonomes (pour autonomiser leurs plages d’accessibilité) ;
  • Utiliser des technologies pour lesquelles existe à minima une application numérique libre dans un environnement numérique libre (sauf cas particulier où il y aurait des éléments avérés de rupture de la continuité du service public).

La souveraineté

Dans le champ du numérique, la souveraineté consiste à garder la maîtrise de ses choix d’infrastructures, d’organisations, de localisations et d’accessibilités à son patrimoine et ses outils numériques.

Au niveau de nos collectivités territoriales :

  • Pour nos équipements d’infrastructures, de matériels et de logiciels, choisir des solutions pour lesquelles il existe des opérateurs concurrents et pour lesquelles nous aurons en interne les compétences (ou la possibilité de les acquérir) pour auditer et prendre en charge une partie du développement : les solutions doivent être prioritairement « open source ». Nous devons pouvoir changer d’opérateur ou reprendre en main la solution si l’opérateur disparaît ;
  • Héberger nos données et celles des personnes sollicitant nos services numériques : Déploiement d’un « cloud fédéré » pour nos collectivités. Les technologies « open source » permettent aujourd’hui de mettre en place des serveurs permettant le stockage et l’accès simplifiés à nos données tout en permettant des pratiques collaboratives (gestion et édition de documents, agenda, contact, partage de fichiers) ;

L’écologie numérique = numérique sobre et durable

Pendant plusieurs années on a considéré que le numérique offrait une approche technologique vertueuse du point de vue écologique, notamment en diminuant les déplacements de personnes et d’informations matérialisées.

Aujourd’hui ce cercle vertueux est beaucoup plus discutable. D’un côté les technologies sont devenues individuellement plus sobres énergétiquement. De l’autre, l’augmentation du nombre d’appareils, l’intensification et la massification des usages ont désormais un impact écologique et sanitaire avéré. Leur activation constante n’est souvent justifiée que par la création d’une mode de vie imposant des astreintes communicationnelles permanentes comme être toujours joignable et localisable instantanément, Un téléphone portable consomme peu d’énergie lui-même. Cependant la consommation induite pour le transport des matières premières nécessaires à sa fabrication, le coût de fabrication lui-même et la consommation des serveurs requis par l’usage des applications installées équivaut au final à la consommation d’un réfrigérateur! Cette consommation énergétique se double d’une désastreuse extraction des ressources minières. Cette exploitation tant sociale qu’écologique doit nous inciter à prendre des dispositions pour avoir un usage raisonné, limité et responsable des technologies numériques :

  • Stopper le déploiement de la 5G : Le confinement a prouvé que les infrastructures réseaux étaient résilientes. Ce sont les serveurs qui ont connu des dysfonctionnements par surcharge, pas les réseaux. Un réseau 5G est sur-dimensionné pour les usages attendus aujourd’hui. Il n’aura de sens qu’en inventant une offre de surconsommation de jeu vidéo, de loisir en réalité virtuelle, de diffusion de film en ultra-haute définition sur des télévisions familiales qu’on utilise rarement dans la rue. Au nom du principe de précaution, les maires peuvent refuser l’implantation de nouvelles antennes, dont la 5G en a fortement besoin, car sa portée est plus réduite que la 3G/4G.
  • Migrer progressivement le parc informatique des collectivités et des établissements scolaires dont nous avons la charge vers des systèmes d’exploitation sobres et durables. Sans perte de performance, la durée de vie d’un ordinateur sous GNU/Linux est deux à trois fois supérieures. Aujourd’hui les banques, les compagnies d’assurance et de nombreux autres secteurs renouvellent leur matériel en détruisant (sans récupération) l’ancien alors qu’il est tout à fait opérationnel pour des usages scolaires et personnels.
  • Faire un usage raisonné du numérique, notamment dans l’éducation mais aussi dans nos pratiques professionnelles : Contrairement à une idée reçue, il est plus facile de recycler du papier que des disques durs ! La tablette n’a pas fait ses preuves dans les apprentissages fondamentaux. En revanche à l’école comme au collège, la formation aux médias et à l’usage des technologies numériques reste un parent pauvre de l’éducation dans les programmes scolaires et les équipements nécessaires. Nous réviserons la politique de déploiement systématique de TNI (Tableau Numérique Interactif) utilisant des matériels énergivores et dont la pérennité logicielle est propriétaire. Comme les écoles du canton de Genève, nous déploieront dans toutes les écoles qui auront besoin de TNI, le logiciel OpenBoard : Nous travaillerons avec les équipes pédagogiques pour limiter le nombre d’appareil dans les classes et créer dans chaque école des espaces pédagogie « Médias ».

Citoyenneté et culture numérique

Parmi les freins à la prise en considération des enjeux du numérique, il y a la crainte que le domaine soit réservé à des personnes ayant une culture technique avancée. Mais pourquoi faudrait-il avoir plus d’exigence de technicité pour participer au débat sur le numérique qu’aux débats sur l’éducation, l’alimentation, la mobilité ou la culture ? Faut-il être violoniste au conservatoire pour être acteur de la vie culturelle ? Faut-il être diététicienne pour participer au choix d’une politique de restauration scolaire privilégiant l’approvisionnement auprès de producteurs locaux ? Faut-il savoir démonter un dérailleur pour débattre d’une politique de tarification des transports en commun ? Bien sûr que des personnes expertes doivent éclairer les discussions, mais la technicité ne doit pas nous priver de la citoyenneté.

Nous devons rendre le débat sur les enjeux numériques accessibles à tous et à toutes :

  • Faciliter l’accès à la découverte du numérique aussi bien dans les espaces publics numériques (EPN) maillant tout le territoire. Chaque habitant·e du territoire pourra venir y chercher de l’aide et des recommandations pour être autonome dans sa pratique informatique.
  • Considérer le numérique comme un commun, au même titre que l’espace public ou l’eau, et développer à ce titre l’OpenData (ouverture et accessibilité des données) dans le respect des informations personnelle.
  • Dans les établissements scolaires dont nous avons la responsabilité de l’équipement, déployer des solutions basées sur du numérique libre et durable pour que tous les élèves puissent disposer, chez eux ou dans les espaces numériques, des logiciels et ressources indispensables à leurs apprentissages
  • Produire et mettre à disposition des ressources didactiques d’auto-formation au numérique : création d’un centre de ressources et de formation des médiateurs des espaces publics numériques.
  • Reconnaître le droit à la déconnexion. On doit pouvoir rester citoyen et rester informé ou bénéficiaire des prestations des services territoriaux. Si nous avons veillé à dématérialiser une majorité des procédures administratives, nous devons rester attentifs à l’accessibilité non-numérique à nos services, soit par la possibilité d’effectuer les démarches par papier soit en mettant en place des guichets d’accueil et d’accompagnement dans chaque mairie.
  • Proposer une connexion citoyenne de base à chacun et chacune. Pendant le confinement 10 à 20 % de la population n’avait pas de connexion à internet. En partenariat avec les fournisseurs d’accès associatifs (comme Illyse) nous offrirons une connexion adsl ou 4G de base à tout habitant qui en fera la demande. La connexion adsl sera réservée au foyer, la connexion 4G aux personnes en situation de fragilité sociale ou familiale (par exemple mise à disposition d’un téléphone portable pour des personnes isolées en situation de risque).
  • Déployer un réseau wifi gratuit respectant le maintien de zone blanche. Sur l’ensemble du territoire il y aura dans chaque quartier des zones identifiées et publiquement accessibles 24/7 permettant d’accéder à un point wifi public. Toutefois l’objectif n’est clairement pas d’arroser tout le territoire.
  • Accompagner les associations socio-culturelles, familiales et sportives pour qu’elles bénéficient d’outils de gestion et de communication accessible et libre, notamment en s’appuyant sur les acteurs locaux de l’auto-hébergement. Création d’une plate-forme de blog, outil de gestion, instances de réseaux sociaux fédérés, plate-forme de gestion d’association (adhésions, comptabilité …), serveur de vidéos …
  • Cesser d’utiliser des services imposant au public d’avoir un compte (même gratuit) chez un opérateur privé et en particulier états-uniens (notamment, car nous ne devons pas exposer les données de nos concitoyens aux lois sécuritaires auxquelles ses entreprises sont soumises). Si nos services utilisent des services tiers, nous nous assurerons qu’ils respectent totalement le RGPD et que les personnes ne sont pas obligées de souscrire à service privé pour bénéficier ou accéder à des services publics.

L’innovation

Être acteur du numérique sur nos territoires :

  • Soutenir le développement de solutions numériques libres (ex. OpenBoard à Genève) notamment en soutenant des associations comme l’Adullact et en donnant aux personnels de nos collectivités une demi-journée par semaine de disponibilité pour participer à des communs numériques (contribution à des logiciels libres, des cartes participatives comme Open Street Map, des encyclopédies collaboratives …) mais aussi en consacrant une partie du budget dédié aux ressources numériques au soutien des fondations, collectifs et projets.
  • Dotation annuelle d’un fond pour la remise des Prix de l’Innovation Numérique Éthique et Libre. Dans divers catégories ce fond récompensera différentes initiatives par un jury composé de personnes locales, professionnelles, institutionnelles ou habitantes de nos territoires.
  • Mettre à disposition des infrastructures communautaires pour héberger des plate-formes citoyennes d’économie participative (mise en place au niveau de la métropole d’une application « cagette.net » pour les producteurs et artisans du territoire (solution expérimentée pendant le confinement pour réorganiser le marché bio de Monplaisir). Ce domaine sera étendu à des services de livraisons à vélo, de location occasionnelle de logement, de partage de services…
  • Créer ou faciliter l’installation d’espace de travail partagé (co-working). La ville comme la métropole travailleront sur un protocole d’accord avec des entreprises volontaires pour initier et renforcer des pôles d’accueil de travail partagé de proximité permettant de limiter les déplacements entre quartiers et entre communes.
  • Accompagner dans chaque arrondissement et chaque commune le développement de d’Ateliers Partagés (FabLabs) ouverts aux individus comme aux entreprises ayant besoin d’outils de prototypage.
  • Déployer des services fédérés et contribuer à leur évolution (voir citoyenneté).
  • Organiser un festival des arts numériques.
  • Obtenir avant la fin de la mandature à minima le niveau 4 de la labellisation Territoire Numérique Libre mais l’objectif est bien le niveau 5.
  • Tout le code développé pour nos services le sera sous licence libre et reverser aux communautés du logiciel libre. Un espace dédié sur nos outils de communication permettra de savoir quelles sont les solutions que nous utilisons et où se procurer les codes sources que nous aurons ouvert.

En condensé

  • Rendre le numérique accessible à toutes et tous avec un droit à la déconnexion non discriminant : le droit à la communication numérique publique doit être aujourd’hui un droit à la hauteur de la liberté de circulation ;
  • Accompagner et assister les pratiques numériques citoyennes notamment par un fort maillage d’espaces publics numériques, des fablabs et d’espace de travail partagé dans les communes et les arrondissements ;
  • Création de services de ressources numériques communes à destination des associations et médiateurs numériques ;
  • Privilégier l’utilisation des logiciels libres et encourager la diversité numérique ;
  • Valoriser et défendre l’accessibilité, la neutralité et l’interopérabilité des technologies utilisées par nos services ;
  • Soutenir un développement raisonné éthique et responsable du numérique dans le monde scolaire contre une marchandisation de l’éducation au profit des industriels du numérique ;
  • Favoriser la découverte, l’apprentissage et l’assistance à l’accès et l’utilisation des médias (notamment numérique) par la multiplication des espaces publics numériques et le soutien aux associations numériques d’intérêt citoyen ;
  • Promouvoir des services numériques et une communication publique respectant le droit à l’information dans le strict respect des données personnelles. Plus d’information privilégiée sur des réseaux sociaux privés sans qu’elle n’ait d’abord été accessible sur des réseaux publics ou administrés par nos collectivités territoriales ;
  • Limiter la surconsommation numérique, notamment en stoppant le déploiement de la 5G ;
  • Donner de la visibilité à une politique numérique volontaire et engagée par la valorisation et le soutien d’initiatives concrètes au niveau du territoire ;
  • Mettre en place des plate-formes citoyenne de services communs pour des secteurs d’économie collaboratives dans le domaine de la commercialisation de produits locaux, des services de livraisons à vélo ou à pied, d’aide à la personne, de location temporaire et occasionnelle de logement, de prêt et d’échange de petits matériels ou de services de proximité occasionnels ;
  • Renforcer une politique d’ouverture numérique, notamment matière données ouvertes et de code sources ouverts.

 

Petit lexique

Logiciel ou application libre : logiciel ou application qui autorise les personnes l’utilisant à s’en servir sans contrainte autre que leur compatibilité technique, en ayant la possibilité de savoir ce qui se passe dedans, avec un droit de les modifier pour les améliorer ou les personnaliser et enfin la possibilité de les partager avec d’autres personnes. Le logiciel libre est au numérique ce que le bio est à l’alimentation. Tout comme il existe des alternatives bio à presque tous les aliments industriels, il existe des logiciels libres offrant une alternative à pratiquement tous les logiciels « privateurs » (annuaire Framalibre.org). Les esprits chagrins diront qu’ils ne sont pas à la même hauteurs au niveau du design et du goût … tout comme les esprits chagrins trouvent que rien ne peut remplacer le nutella et le coca-cola.

Cloud, nuage, informatique déportée : Logique technologique qui sépare la localisation des opérations entre plusieurs appareils interconnectés par l’intermédiaire d’un réseau. Par exemple, un téléphone mobile permet d’afficher le contenu d’une page web, mais le contenu de cette page est produit est stocké sur un autre ordinateur, le serveur qui envoie la page au téléphone. Avec le cloud, le téléphone ou l’ordinateur servent de « client léger », ils ne stockent pratiquement plus rien, ni logiciels, ni données, mais font appel à des applications qui communiquent avec un serveur. Le cloud facilite la connexion depuis des appareils différents et le partage entre utilisateurs mais imposent la dépendance aux administrateurs du service. En utilisant Office365, on ne peut que suivre les règles imposées par son propriétaire (qui possèdent aussi des droits sur ce qui est stocké chez lui). Autre exemple : Lorsqu’on achète un « ebook » via l’application d’Amazon pour Kindle, la société garde la main sur nos contenus et peut décider unilatéralement de les faire disparaître de la tablette. Il existe plusieurs solutions pour avoir un «cloud» sur mesure protégeant nos données personnelles, par exemple Nextcloud.

Réseau fédéré : Technologies qui interconnectent plusieurs serveurs entre eux pour qu’ils partagent des données tout en gardant leur indépendance. On appelle chaque serveur d’un réseau fédéré, une instance. Par exemple, Mastodon (art. wikipedia) est une technologie de micro-blogging (style Twitter) permettant à différentes instances de s’échanger des messages. Les gens qui sont sur l’instance A peuvent ainsi envoyer des messages avec ceux de l’instance B comme s’ils étaient sur même réseau. Mais les données personnelles de chacun sont conservées et gérées sur sa propre instance. Un peu comme le courrier électronique. L’inverse serait de dire que les utilisateurs d’un réseau ne communiquent que dans ce réseau. Un peu comme si les abonnés d’un opérateur téléphonique ne pouvait pas appeler les abonnés d’un autre opérateur. Il existe aujourd’hui des technologies fédérées libres (indépendantes d’un opérateur et pouvant pourtant s’interconnecter entre elles) dans les domaines des réseaux sociaux, du partage de fichier (cloud), de services (agenda, contact …)

Système d’exploitation : (en anglais Operating System) Pour simplifier, c’est le logiciel qui fait fonctionner les logiciels sur une machine (un ordinateur). Les plus connus sont probablement Windows et MacOs dans leurs différentes versions. Pour les téléphones et tablettes, ce sont IOS et Androïd. Pour les ordinateurs et certains appareils mobiles, il existe aussi des systèmes libres et aussi simple d’utilisation. Le plus connu d’entre eux est probablement GNU/Linux qui se décline sous des versions grand public comme Ubuntu, Mageia, Linux Mint, Elementary OS ou plus professionnelle comme Debian, RedHat…

TNI ou TBI : Tableau blanc interactif (par exemple OpenBoard est une solution libre pour transformer n’importe quel vidéo projecteur en TNI)

Auto-hébergement : Installer des services numériques sur ses propres infrastructures technologiques. Par exemple un site web, un partage de fichier, une application de gestion de projet partagé … Il existe notamment une solution « Yunohost » qui permet d’installer un serveur avec un blog, un agenda, un partage de fichier, une suite bureautique en ligne. Ce n’est pas une technologie accessible aux néophytes, mais des utilisatrices et utilisateurs avertis peuvent rapidement ambitionner de déployer cette technologie pour leur compte ou celui de leur structure professionnelle ou associative.

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