<-épisode 4 – épisode final
#Synthèse 1
Tim – J’ai demandé à Mustapha Kadoul de me trouver des documents sur les effaçages de comptes NetSoft. Les statistiques officielles montrent que depuis trois jours, il y a une hécatombe. Plein de filles et de garçons sont dans ton cas. Mais il y a plus grave.
Julien – Tu trouves, nous n’avons plus rien!
Tim – C’est bien ça le plus intéressant. Vous avez tout perdu, dans le monde de NetSoft, mais apparemment personne n’en a profité. Il y a eu effaçage mais pas transfert. Dans le cas contraire, certaines lignes des stats seraient stables, là elles semblent s’être effondrées avec vous. Ici tu vois la masse globale de cash, elle vous suit. Votre pécule a disparu. Vous auriez pu être viré parceque non rentable, avec des comptes tunes à zéro ou négatif, mais dans ce cas la ligne n’aurait pas fléchi.
Julien – Alors pourquoi?
#Synthèse 2
Simonin épluche le fichier fantôme « hackernews ». NetSoft nie son existence, le réseau est le plus sûr. Et c’est vrai, il n’y est pas. Le fichier se ballade en continu, sans port d’attache, il se duplique, se réplique, se transfert, se morcelle, s’amoncelle, essaime, se régénère, invisible aux profanes sur INet. C’est le rendez-vous des pirates. L’ile flottante de la Tortue où de retour d’un pillage, les vieux loups de Net viennent compter leurs exploits. On ne rentre pas ici par hasard, il faut être des leurs. Et les leurres, Simonin connaît bien. Quoi de plus facile que de se travestir avec un ordinateur. Il pousse la malignité jusqu’à pratiquer la visio-phonie sous une autre identité et un autre aspect. Pour la communauté des hackeurs, il est une petite étudiante boulotte. Il aurait pu être une blonde avec des seins comme des obus, mais il aurait attiré un peu trop d’attention et de convoitise hors réseau. Le plus dur, c’est d’être crédible dans son rôle. L’image et le son ne sont que du calcul en temps réel. Tant que la bécane mouline! La première fois qu’il a repéré ce fichier et ses déplacements, il a envisagé de le détruire. Mais à quoi bon. Là, il sait où sont ses ennemis. Il les laisse faire mumuse, ils sont comme les rats. Les plus faibles et les moins agressifs sont facilement porteurs d’épidémie, mais si on les élimine, les germes mutent pour être transmis au plus agressifs. Et eux vont le refiler à d’autres espèces qu’ils avaient la force d’affronter. Telle est la théorie de Simonin. Mais là il est inquiet. Il arrive que des hackeurs, les cyberkilleurs, détruisent gratuitement, comme ça, simplement par plaisir, par défi, par folie. Or les statistiques montrent un nombre critique de cas de trous noirs et personne ne revendique. Il est perplexe. Pas de défaillance technologique, pas d’escroquerie, pas de malveillance…
#Vue de l’Esprit 5
…La force et la faiblesse des univers artificiels d’information c’est qu’ils abolissent les lois de notre expérience bien réelle. Ainsi avec Lavoisier nous avions appris que rien ne se perdait, ne se créait, que tout se transformait. La transformation étant un déplacement des entités d’un système, on avait une dynamique, des différences et ainsi de la valeur. Comme dans les univers de symboles cette loi n’a plus court, la valeur n’existe plus. Que valent l’information, le mot, l’argent pour eux-même? Un système d’information qui serait fiable tuerait la valeur des choses…
…/BATES/Biblio/EnCours/CHAD.eZIPub
#Vue d’ici 5
Gil Bates sourit en lisant le message de Julien DeLoro. La haine respectueuse de ce dernier est imagée. Mais au fond, elle est un compliment. Cet homme qui avait placé toute sa confiance dans son empire n’y croit plus. En fait il sait très bien, qu’il ne croit plus à son matérialisme. Alors les mots, les octets redeviennent des signes de l’existence que l’on s’échange. Le plus amusant est la dernière phrase du message. “Merci, une autre partie ou on continue celle-ci?”
Gil Bates se lève, quitte son bracelet universel et répond “Ok“. Ce soir il ne détruira aucun compte.
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