Stress universitaire : Ralentir la poursuite de l’excellence

Mon H-Index est plus gros que le tien

Mon H-Index est plus gros que le tien

Alors que je suis a priori en plein milieu de mes vacances, je stresse comme un crétin à rédiger 4 articles au cours du mois, j’essaye de remonter un serveur web pour une formation dont je suis responsable, je réponds à quelques étudiants en stage…

Alors forcément j’ai été sensible à l’appel “ralentir la science/slow science” que j’invite à soutenir d’urgence <= Oh le beau paradoxe!

Il faudra bien revenir sur ce thème de manière plus approfondie, mais il est indéniable que depuis quelques années, la condition de l’enseignant chercheur se dégrade de manière catastrophique. Alors certains partiront du principe que nous avions la super belle vie et qu’il y a encore des avantages dans le métier, en particulier la possibilité de gérer en grande partie son temps. Disons que c’est vrai (sinon j’irais voir ailleurs si l’herbe est plus verte).

Ce faisant depuis quelques années, au nom de l’excellence et de nos “avantages”, les conditions de travail à l’université se dégradent à vitesse grand V en particulier avec l’introduction de “l’excellence”. Voilà un mot que désormais je hais…

L’excellence conduit une dégradation de la recherche universitaire :

  • Stress : “devoir produire” quitte à ce que ce soit de la “crotte”,mais publier, publier, recycler, publier. Traquer les appels à communication non pour leurs intérêts, mais pour leurs côtes.
  • Désolidarisation des équipes de recherche :Elle a individualisé le déroulement de carrière au prix d’une dé-solidarisation des projets collectifs. Chacun pour sa peau et le H-index pour tous. Testé au sein de mon équipe : Élimintation de l’équipe par manque de publis des uns, négation des actions fédératrices, stimulantes des uns au profit du léchage de responsable d’équipe. Amplification des querelles internes, stigmatisations des non publiants.
  • Bureaucratisation : L’excellence conduit à sauter sur tous les appels à projets qui passent pour obtenir un brin de financement pour aller faire des communication qui permettront de faire monter le h-index… et là … ben on fait plus de la recherche, on monte des dossiers avec des formulaires à la pelle, des fiches synthèses de plusieurs pages… et donc on fait plus de recherche et on ne fait qu’essayer de recycler nos deux trois faits d’armes en qualité “d’expert” dans un projet… pour lequel on va produire des critères d’évaluation…
  • Dégradation de l’enseignement universitaire : Perte de la disponibilité des enseignants chercheurs qui essayent de protéger leurs fesses en essayant de publier ou de monter des projets qui leurs semblent plus valorisant que l’enseignement. Recours massifs et déséquilibrés à des intervenants professionnels extérieurs (qui doivent assurer leur métier et donc emploi du temps bâtards pour qu’ils ne perdent pas leur emplois principal).
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Tu me cites pour un cookie? =>version scientifique de "tu s.ces pour un choco?"

J’ai du mal à résister, et on me dira qu’il y a des collectifs qui luttent pour revenir à une situation plus saine (j’aime bien l’initiative citée en début de post, et j’espère que quelques bons commentaires indiqueront aux lecteurs d’autres références). Personnellement j’envisage une sortie du modèle classique oppressant de la recherche institutionnalisée : Il me paraît plus sain aujourd’hui d’envisager de faire quelques heures supp’ pour me payer mes déplacements et mes hôtels pour participer à des colloques que de passer le même temps à remplir plusieurs formulaires pourris, histoire que mon insitution prennent mes billets avec un transporteur “du marché” à des horaires stérilisants et en m’imposant des hôtels chers plutôt que de me remercier d’avoir trouver un pôte chercheur local pour m’héberger moins cher en passant une soirée enrichissante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Une réponse à Stress universitaire : Ralentir la poursuite de l’excellence

  1. Ping : Cactus Acide » L'observatoire du neuromancien » L’observatoire du neuromancien 08/09/2011

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